Le choix de l’amorce, les recettes, les ingrédients … c’est un sujet sans fin pour les pêcheurs passionnés. Pour avoir les idées claires pour faire les bons choix il faut construire sa propre expérience et multiplier les tests. Depuis plusieurs années et sous l’influence du marché anglais, où ces farines sont très utilisés en fishery, un ingrédient fait parler de lui : la farine de poissons.

Cette option, relativement nouvelle, vient un peu plus compliquer le dilemme et le choix de son amorce. Un ingrédient très particulier qui ne fonctionne pas partout et qui change du tout au tout les qualités de son mix. A utiliser donc en connaissance de cause !
Pour illustrer cet article je vous propose de visionner la vidéo présente en haut de la page.

Riche et digeste

La caractéristique première de ces farines de poissons est d’être très riches en protéines et très digestes. Elles sont très facilement assimilables et en aquaculture, elles favorisent une croissance rapide et saine des poissons. Elles contiennent de 58 à 70% de protéines. En comparaison avec des farines végétales comme le gluten de maïs qui contient des proportions équivalentes de protéines, les farines de poissons se distinguent par leur digestion facile. Avec un transit accéléré, les poissons peuvent davantage “manger” et cela favorise l’activité et la compétition alimentaire. En clair plus de touches pour le pêcheur ! Dans les eaux plus froides, elles sont plus intéressantes que les farines végétales trop indigestes. Elles peuvent donc trouver place dans les amorces hivernales, là où on hésiterait à utiliser des farines riches.

Indispensable sur certains parcours

Dès qu’il s’agit de pêcher de grosses brèmes le “fish meal” est un ingrédient indispensable du mix en Angleterre ou aux Pays Bas. Un ami hollandais me racontait l’évolution de la pêche dans un grand canal du pays. Depuis une dizaine d’années, il est devenu impossible de remporter les compétitions qui s’y déroulent sans incorporer de la farine de poisson dans son amorce.

Alors que s’est-il passé pour que les poissons changent à ce point leur comportement ? L’explication vient, selon lui, des carpistes et de l’usage généralisé des pellets pour cibler les spécimens. Avec la pression de pêche dans ce canal, tous les poissons ont eu l’occasion de goûter à ces friandises salées et nutritives. Ils en ont apprécié toute la valeur et s’attardent sur le coup de celui qui leur propose des saveurs similaires. Ce canal n’est pas une exception et nombreux sont les parcours qui ont pris le plis. En France, ce phénomène a du retard par rapport à ces pays où la pression de pêche est plus dense mais dans certains endroits, le processus est en marche …

Où peut-on l’utiliser ?

L’apparition et l’usage de pellets à base de farine de poissons dans la pêche de loisir est une véritable révolution tant pour le pêcheur qui dispose de nouveaux appâts, que pour les poissons sauvages qui trouvent une nourriture riche favorisant leur croissance.
Partout où il y a une pression de pêche suffisante, surtout de la part des pêcheurs de carpes en batterie qui pratiquent des amorçages massifs, les poissons ont pu goûter à ces farines et gardent le souvenir de cette source de protéines. Concrètement, son usage est recommandé dans tous les étangs et gravières qui subissent une importante pression de pêche de la part des carpistes. Elle est aussi efficace en rivière où les grosses et vieilles brèmes sont présentes. Compte tenu de leur âge, elles ont déjà eu l’occasion d’y goûter. Plus curieusement, je connais des rivières sauvages où la pression de pêche est très limitée dans lesquelles barbeaux et brèmes répondent parfaitement au fish-meal. Le barbeau est un poisson qui répond naturellement à ces saveurs, peut être parce qu’il est omnivore et ne rechigne pas aussi à consommer des écrevisses, crustacées et autres petit poissons (voir la vidéo ici). Les eaux claires des rivières moyennes semblent aussi être très propices à leur usage.

A double tranchant

Ces farines s’adressent bien évidemment aux plus gros poissons, belles brèmes, barbeaux et carpes des étangs. Leurs compositions très nutritives a aussi l’avantage, qui parfois peut être un inconvénient, de gaver rapidement les plus petits poissons. Intéressant donc pour sélectionner les plus gros mais cela limite tout de même l’activité sur le coup.
L’intérêt majeur est d’apporter un ingrédient différent de ceux que l’on retrouve traditionnellement dans les recettes d’amorces. Rien à voir avec les farines de maïs, biscuits et céréales, les farines de poissons sont salés et ont un arôme unique. A noter, ces farines carnées attirent les écrevisses, silures et poissons chats.

Salée ou sucrée : goûtez vos amorces!

Pour juger de la concentration en farine de poissons d’une amorce ou connaître son arôme sucré ou salé, il suffit de la goûter. Vous serez surpris de découvrir ainsi à quel point certains mélanges peuvent être sucrés et d’autres incroyablement salés et concentrés en farine de poissons. Une information indispensable au moment de choisir son mix et de s’attaquer à la pêche de grosses brèmes, plutôt salée, ou à de petites plaquettes, plutôt sucrées. La seule façon de juger du taux de farine de poisson, du sel, du sucre ou des épices d’une amorce avec précision est de la goûter …. mais vous n’êtes pas du tout obligé d’avaler.