L’hiver est là et bien là dans certaines régions. Coincé à la maison, autant mettre à profit nos journées pour préparer des jours meilleurs. Même si ce n’est pas une opération que j’affectionne, le montage des lignes pour la pêche au coup conditionne pour beaucoup la réussite de mes parties de pêche, je m’y mets donc bon gré mal gré. Et s’il y a bien des lignes que je bichonne, ce sont celles pour la pêche des gardons. C’est bien le plus délicat des poissons qu’on puisse pêcher au coup en eaux calmes. Mais il ne faut quand même pas se torturer l’esprit. Il y a évidemment des règles à respecter pour détecter des touches subtiles, mais comme toujours, je vais au plus simple, pour essayer d’être efficace au maximum.

Le nylon, le corps de ligne.

Je me suis longtemps torturé l’esprit à savoir si pêcher très fin rapportait davantage de touches. J’ai donc testé des lignes en 6, 8/100ème pendant fort longtemps. Cela se soldait par de nombreux emmêlements, des lignes qui vieillissent mal, qui, au moindre contact avec un environnement hostile se brise, et surtout supportant mal les mouvements de flotteurs et surtout de plombs. J’observe donc un minimum de 10/100ème  pour les flotteurs de 0.2 à 0.6gr et je passe au 12 au-delà et ce, pour tous mes montages pour la pêche au coup en étangs, canaux, rivières lentes. Ces diamètres sont un excellent compromis entre souplesse/rigidité et solidité. Les fils actuels sont de bonne qualité en moyenne. La seule règle que je m’applique est d’utiliser la même marque pour la conception du corps et du bas de ligne pour lesquels j’observe toujours une différence d’au moins 1/100ème. Ainsi si écart avec la réalité du diamètre il y a, l’écart de mesure sera respecté entre les deux parties de ma ligne (j’y reviendrai dans un chapitre consacré aux bas de ligne).

Le flotteur

Concernant le choix du flotteur pour la pêche au coup du gardon, je n’utilise que 3 formes en fonctions de l’animation de la surface et de la distance de pêche comme je l’ai expliqué dans un précédent article. En fonction de la difficulté de la pêche et de la visibilité, je vais par contre modifier la qualité de l’antenne (plastique, fibre) et son épaisseur. C’est pourquoi il est bon de posséder un panel de modèles préparés à l’avance. Lors de la conception du montage des lignes de pêche au coup, j’équipe toujours les quilles de trois gaines silicone de qualité elles aussi. C’est un détail que beaucoup négligent et pourtant une gaine qui se fend et il faut remplacer tout le montage. Je prends également soin de laisser dépasser la dernière au bas de la quille d’un bon centimètre ce qui réduit considérablement les emmêlements (ce phénomène de vrillage lorsque vous ramenez ou déposez trop vite votre ligne, je suis sûr que vous savez de quoi je parle J)

Les plombs

Le choix des plombs est extrêmement important et il convient d’être méticuleux. Il y a plusieurs raisons à cela. Des plombs mal centrés vont induire une mauvaise présentation de l’esche et quand on sait combien le gardon peut être pinailleur, il vaut mieux surveiller la cendrée elle-même et son pincement sur la ligne. Je procède à un tri radical dans mes boîtes de plombs et élimine les plombs mal, trop ou pas assez fendus (voire pas du tout). Il faut que les plombs soient parfaitement alignés de manière à ce qu’une fois en position elle soit parfaitement rigide. Cette façon de faire évite également les emmêlements.

Une fois pincés, les plombs doivent être parfaitement mobiles et sans qu’ils n’abiment le nylon. Concernant l’agencement de la plombée pour toutes les lignes de pêche au coup dont j’avais déjà parlée, il n’y a pas de recette miracle. Je débute toujours la pêche au coup avec une plombée dite étalée en 3 groupes espacés de 15cm. Si la pêche est difficile et que les gardons apprécient une esche qui se présente lentement, je vais espacer les groupes et éloigner ma plombée principale de l’hameçon.

Si au contraire ils ne sont pas très regardant car la compétition alimentaire est importante, je vais descendre mes groupes de plombs jusqu’à les unir si nécessaire pour former une plombée dite massive. Pour toutes ces raisons, la mobilité prime. Concernant le choix des plombs pour tous mes montages de pêche au coup, Si je n’emploie que des plombs sphériques, mais au-delà d’un poids de flotteur d’1gr, j’associe olivette et cendrées.

L’équilibrage

L’équilibrage est primordial. Il ne faut pas perdre de vue qu’à la maison, il n’est pas possible d’obtenir un résultat parfait. Pourquoi ? Et bien tout simplement, la densité de l’eau n’est pas la même dans un bocal quelconque qu’en milieu naturel. J’équilibre donc mes flotteurs de pêche au coup au ras de l’antenne et place plusieurs plombs cylindriques (des Styl N°14) au-dessus de ma plombée principale jusqu’à obtenir le résultat souhaité. Un flotteur de pêche au coup pour le gardon doit selon moi être équilibré à mi-antenne. Si le flotteur vient à couler au bord de l’eau, je n’ai plus qu’à retirer le surplus. Ce ne sont que quelques milligrammes de plombs, mais aussi quelques millimètres d’antenne de plus ou de moins qui peuvent faire toute la différence sur des pêches au coup de gardon.

Les nœuds

Sur une ligne, il n’y a que deux nœuds. La double-boucle du haut sert à raccorder le montage au connecteur, celle du bas, au bas de ligne. Pour davantage de discrétion, je confectionne toujours de petites boucles sur la terminaison de la ligne. Cela permet également, lorsque le raccord se fait entre le corps de ligne et l’avançon équipé de l’hameçon, d’obtenir un alignement parfait entre les nœuds et donc encore une fois une meilleure présentation de l’esche au final. Pour former le nœud de la boucle, je m’aide d’un loop-tyer et notamment de sa partie la plus petite. Je prends soin de tourner deux fois afin d’obtenir un nœud solide et qui reste élégant à la fois.

Le bon poids : Pêcher « Juste » !

Trouver le poids juste d’un flotteur n’est pas propre à la pêche au coup du gardon, la question se pose pour toutes les pêches au coup, mais pour cette espèce, il faut vraiment pêcher « juste ».

0.20gr par mètre d’eau est en théorie la règle lorsque les conditions sont « normales », c’est-à-dire lorsque la surface est peu agitée. Mais pour piéger le gardon, il faut souvent multiplier les aguichages, tantôt verticaux, tantôt latéraux. Et avec une seule ligne, les options sont faibles. Certains me demandent souvent pourquoi posséder tant de montages d’avance et autant de kits au bord de l’eau et bien justement c’est pour pêcher « juste » au gré de la partie. Sans tomber dans les travers des compétiteurs, une canne et deux kits de rechange sont idéaux. Ils permettent de monter ce poids théorique de base ainsi qu’une ligne très légère au cas où le poisson vient gober à la descente de l’esche et une autre beaucoup plus lourde au cas où il faut un maximum de stabilité. Je prépare donc un panel de lignes de pêche au coup allant de 0.20gr en 0.20gr. Au-delà de cela, ce que je veux dire, c’est, ne lésinez pas sur votre préparation. Les parties de pêche se gagnent souvent d’abord à la maison !