Porteur d’une réputation piquante, le poisson chat n’en est pas moins intéressante à pêcher car finalement, aucune espèce n’est plus noble qu’une autre n’est-ce-pas ?
C’est qu’il n’est pas d’ici ce poisson envahissant. C’est un glouton qui peut avaler les hameçons jusqu’au fond de ses boyaux. Dans la littérature, il ne semble avoir de l’intérêt que pour sa chair riche en protéines et pour la pêche récréative.

Une espèce nuisible

Introduite en 1871 en France, cette espèce est classée susceptible de provoquer des déséquilibres biologiques (art. R432-5 du Code de l’Environnement) et par conséquent ne doit pas être remise à l’eau, transportée vivante ou encore mieux maintenue en captivité donc en aquarium. Venu d’Amérique du nord, et pouvant mesurer de 15 à 20 cm (contre 60 cm dans son biotope), ce matou porte le joli nom scientifique de Ameirus melas. Sa taille est moindre comparée à Ictalurus punctatus qui est une autre espèce invasive non endémique d’Italie et d’Espagne.
Par ailleurs, il comporte 8 barbillons contrairement au Silurus glanis Linnaeus (le silure) qui lui en arbore seulement 6.

Un mode de vie mal connue

Ce poisson apte à vivre durant 6 à 7 ans s’adapte à divers milieux tels que les étangs, rivières ou fleuves à courant lent. Au stade juvénile, il se nourrit de larves d’insectes et autres arthropodes. Les spécimens adultes peuvent ingérer des coquillages, végétaux, insectes et autres poissons. Bref des gloutons et surtout la nuit !!!
Vers l’âge de deux ou trois ans, les femelles sont gravides et peuvent pondre jusqu’à 5000 œufs.
Lorsque la température du milieu avoisine les 18°C, celle-ci construit un nid sur le fond de l’eau en dégageant les débris et autres limons présents. La parade nuptiale consiste en des attouchements à l’aide de leurs barbillons et le mâle semble enlacer la tête de la femelle afin qu’elle libère ses œufs qui sont aussitôt fécondés. La couple garde ensuite le nid et maintient les œufs propres en les ventilant à l’aide de ses nageoires. Après la nage libre, les jeunes sont grégaires et se déplacent en formant une boule, se serrant les uns contre les autres.

Attention chat pique !

Ce poisson n’a pas bonne presse, effectivement le plus souvent il n’est pas recherché et les pêcheurs souhaitent l’éviter. > voir ici comment éviter les poissons chats.
Il faut dire que c’est un glouton farouche qui une fois sur le coup vide celui ci des amorces et autres appâts déposés. Il n’a pas son pareil pour « chiper » l’esche présentée au bout de l’hameçon avant les autres. Une fois en main, il faut savoir le prendre car sa nageoire dorsale et ses deux nageoires pectorales sont équipées de piquants redoutables qui peuvent asséner des blessures douloureuses, sans parler du mucus qui doit intensifier la douleur lors de ces piqûres.

Afin de limiter le risque de douleurs il faut saisir le poisson d’une certaine façon entre les doigts, c’est un coup à prendre… Pour éviter de tels accidents, il faut aussi utiliser un hameçon à grande hampe afin de le dégorger rapidement sans forcément avoir besoin de dégorgeoir. Quoiqu’il en soit, il est périlleux de saisir le matou lorsqu’il gigote au sortir de l’eau.

Ce n’est pas un poisson forcément délicat et il s’adapte à tous types d’esches et d’amorce et vous pourrez le séduire avec un morceau de vers de terre voir un panachage vers/maïs ou encore une brochette d’asticots. Que cela soit à la plombée, au coup, à l’anglaise voire au leurre vous pouvez avoir le droit à sa visite s’il est dans les parages !

Et dans l’assiette ?

J’ai le souvenir quand j’étais tout petit que de ma grand-mère cuisinait les chats que je ramenai des bord du Doubs. Elle passait les poissons dans un bain d’eau chaude vinaigré afin de les dépouiller avant de les cuisiner soit en friture ou bien même avec des tomates et du vin blancs ou avec de la crème comme la pochouse. D’autres Chefs tirent les filets qu’ils passent à la friture avec la peau. Si vous êtes intéressés par les recettes bon nombres se trouvent sur le réseau.

La chair de ce poisson est délicate et fine en bouche, sans trop d’arêtes.
L’inconvénient est qu’il faut des spécimens de 15 voire 20 cm de long afin d’en tirer profit et malheureusement je ne trouve pas toujours des pièces de cette taille lors de mes pêches.

Bien que mal vue et méprisé le chat n’en est pas moins une créature vivante. Sa pêche est récréative et détrompez vous elle peut-être compliquée aussi car parfois il est difficile de le capturer. Les touches ne sont pas toujours franches.
Enfin pour la pêche sportive cette espèce n’est pas sans interêt et lors de compétition il est possible de remporter le podium avec une bourriche de chats. Laurent avait gagné le concours organisé à la Bricotte en septembre 2022 avec 4,8 kg de chats !

> Voir aussi les championnats de France feeder organisé en 2013 (vidéo) et 2016 sur le lac de Anzeme dans la Creuse avec des score à plus de 14kg.