Hybrides : quelques indices pour les reconnaître
Les poissons blancs Barbeaux, Chevesne, Gardon, Brème, Carpe, Tanche, Goujon, etc … appartiennent tous à la même famille : les Cyprinidés.
Certaines espèces qui composent cette grande famille (20450 espèces tout de même) sont capables de se reproduire entre elles. Le fruit de cet union contre nature est appelé : hybride.
Prenons un exemple bien connu :
Le mulet et la mule sont des hybrides de la famille des équidés, fruit des amours forcés d’un âne et d’une jument. Dans ce cas c’est l’homme qui rend possible cet accouplement.
Pour les poissons qui nous intéressent, la procréation naturelle d’hybrides est facilitée par le mode de reproduction de ses espèces.
Lors de la fraie, les cyprinidés femelles expulsent les oeufs de leur corps et dans le même temps le mâle les recouvre de sa semence. Les oeufs sont fécondés à l’extérieur directement sur le support qu’a choisi la femelle pour leur incubation (végétaux, branchages, etc…). Dans certains plans d’eau et sous certains climats, la période de fraie des Brèmes, Rotengles et Gardons coïncident. La rareté des frayères (Herbiers généralement) poussent ces espèces à se reproduire simultanément et dans le même lieu. Je vous laisse imaginer la suite … dans un élan frénétique tous ces poissons expulsent collectivement semences et oeufs sur le même support. Ainsi les oeufs d’une Brème femelle peuvent facilement être fécondé par la semence d’un Gardon et inversement.
Film réalisé par la Maison de la Pêche Wallone. Pour en savoir plus sur le contexte de cette vidéo je vous recommande cet article
On rencontre fréquemment les hybrides dans les grands lacs de barrage. Ceci s’explique par la rareté des frayères (rareté des herbiers lié au marnage du lac) conjugué à une grosse densité de poissons blancs. Pour la pêche, les hybrides sont des poissons très intéressants, un hybride Brème x Gardon a généralement les mensurations de la Brème avec la défense du Gardon : un joli coup de ligne. Les hybrides sont habituellement stériles mais chez les cyprinidés il est assez fréquent que ces derniers arrivent à se reproduire. Dans ce cas, ce sont des hybrides qui s’hybrident entre eux !
Parmi les hybrides les plus communément rencontrés :
- Hybride Brème x Brème Bordelière
- Les hybrides Brème x Rotengle sont beaucoup plus rares. Ils ont une couleur plus foncée que les hybrides Brème x Gardon.
- Hybride Brème x Gardon (ou Gardon x Breme) : Couleur argenté, nageoires rouges plus ou mons teintées selon le milieu. La forme de la bouche est au croisement de celle du Gardon dont l’ouverture se fait dans l’axe du corps du poisson et de celle d’une Brème qui est protractile, c’est à dire qui peut être projetée vers l’avant.
Pour déterminer avec certitude l’espèce ou le type d’hybridation de ces poissons, il faut se résoudre à compter le nombre de rayons des nageoires et le nombre d’écailles de la ligne latérale sur le flan des poissons. A titre indicatif :
Gardon – Rutilus rutilus :
- 7 – 8 rayons ramifié sur la nageoire dorsale
- 9 – 12 Rayons ramifiés sur la nageoire anale.
- 42 à 45 écailles sur la ligne latérale.
Hybrides Brème x Gardon ( Abramis brama x Rutilus rutilus) :
- 15 à 20 rayons sur la nageoire anale
Brème commune – Abramis brama :
- 24 à 30 rayons sur la nageoire anale
- 51-60 écailles le long de la ligne latérale
- La nageoire dorsale contient seulement 9 rayons branchus
Brème bordière – Blicca bjoerkna :
- La nageoire anale 21 à 23 rayons et 11 rayons sur la dorsale
Rotengle – Scardinius erythrophthalmus :
- 9 rayons ramifiés sur la nageoire dorsale
- 11 rayons ramifiés dans la nageoire anale.
- Il y a entre 40-45 écailles le long de la ligne latérale
Après ceci, si le doute subsiste, il ne vous reste plus qu’a disséquer votre poisson (ce que je ne vous recommande pas) et regarder si il a des dents pharyngiennes et quel aspect elles ont.
Sur la première photo en dessous de la brème ce n est pas un hybride mais une brème bordeliere