Une journée de pêche : la tanche au feeder
Aujourd’hui, je vous propose de m’accompagner sur une pêche de tanches dans un lac public de ma région. Nous sommes début juillet et l’été bat son plein. L’eau est largement réchauffée et les herbiers développés à souhait. A cette époque, les tanches ont fini de frayer et ont repris des forces. Toutes les conditions sont réunies pour leur rendre une petite visite.
Présentation des lieux
Le lac convoité est propice au développement des populations de cyprinidés (et aussi des autres poissons). D’une faible profondeur, sa surface est recouverte à 90% d’herbiers plus ou moins denses, rendant la pêche et le choix des postes très compliqué.
Pour cette matinée, je décide de m’installer sur une petite zone où les herbiers se développent généralement peu en bordure, et plus fortement à une quarantaine de mètres au large. La stratégie est donc, comme vous l’aurez sans doute deviné, de pêcher la limite entre cette zone « propre » et cette zone encombrée.
Le matériel pour la tanche
Rien d’exceptionnel mais du costaud, afin, le cas échéant, de sortir les poissons des herbiers.
Je pêche ici avec une canne de 3 m : la Caperlan « Sensitiv 500 » montée avec un scion de 1.5oz et équipée d’un moulinet de la même marque en taille 3000. Ce dernier est garni de nylon en 25 centièmes afin d’encaisser les rushs violents de ces beaux poissons.
Pour la pêche de la tanche, je ne me prends généralement pas trop la tête sur le montage. Je réalise donc basiquement un montage à plat avec un bas de ligne relativement court d’une petite cinquantaine de centimètres. La tanche aime généralement se nourrir près des cages, il n’est donc pas utile d’allonger plus que de raison.
Concernant les amorces, j’utilise un mix sombre composé de 50% de farine végétale et 50% de farine de poisson. J’aime agrémenter ce mix avec du chènevis, du pellet en 2 mm et une petite poignée de pain d’épice broyé : le chènevis et le pellet permettent de fixer le poisson plus longuement sur la zone et le pain d’épice apporte un côté sucré apprécié de ces dames.
Pour les esches, étant donné le nombre de petits poissons qui « hantent » les lieux et parasites les coups, je m’abstiens d’utiliser du vivant à l’exception des vers. J’ai donc sur ma tablette : du maïs, des terreaux et des gozzers morts.
Première partie : session feeder
Après avoir sondé pour bien dégrossir la topographie et l’encombrement de la zone, j’attaque à amorcer 5/6 cages précisément, puis je commence à pêcher. Pour les pêches de tanches, j’aime que la fréquence entre les rappels soit relativement faible, entre 15 et 25 minutes. La tanche étant un poisson très méfiant, il faut à mon sens limiter le bruit lié aux impacts en début de pêche. En fonction du comportement des poissons en cours de session, il m’arrive souvent de rallonger ou de raccourcir ce temps entre les cages.
Malheureusement, en 2h30, je ne touche que trois petites tanches et un carpeau. La pêche est pour le moment très compliquée et malgré mes précautions au niveau des esches, les petits poissons parasitent clairement le « spot » et ne laissent pas le temps aux éventuels gros poissons de mordre… Ils arrivent même à me nettoyer les trois grains de maïs sur le cheveu, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Cependant, je continue de prendre quelques gros passages dans le fil, ce qui m’indique que même si elles ne mordent pas, les grosses tanches ne sont pas loin.
Acte 2 : la vengeance de Tonio au method
Il est donc temps de changer radicalement de stratégie pour ne pas passer à côté de la session. Je décide donc de pêcher au method sur le même « spot » afin de voir si une esche artificielle et un bas de ligne court permettent de limiter la blanchaille, et d’augmenter la taille des captures.
Le changement de stratégie est relativement rapide à mettre en œuvre, puisque j’utilise le même matériel et la même amorce que celle utilisée depuis le début. Simplement, je passe cette dernière au tamis de 2 mm pour retrouver une granulométrie plus fine et facilement moulable sur un method-feeder.
À peine posé au fond que la première grosse tanche vient me rendre visite. C’est sur un petit dumbell wafter jaune de 8 mm que je sors ce poisson.
Les tanches vont ensuite s’enchaîner, preuve qu’elles sont bien présentes sur les lieux et que le changement tactique a été bénéfique. Après quelques essais en terme de couleur d’esches, c’est sur du rose fluo que je fais ma pêche.
Il est désormais temps pour moi de plier et c’est sur ce magnifique tapis que je termine cette partie de pêche.
Le bilan de la session
On a parfois l’impression que l’on va perdre du temps en changeant de stratégie, mais cela s’avère souvent payant et je pense avec du recul, que je devrais le faire plus souvent. Aujourd’hui, si je n’avais pas mis en œuvre ce rapide changement tactique, je serais très certainement passé à côté de la pêche. En outre, sur la partie method, il est selon moi important de prendre le temps, afin de trouver la couleur qui fera mouche. Autant je considère l’aspect saveur comme quelque chose de secondaire, autant la couleur et la façon dont l’esche artificielle diffuse au fond, sont à mon sens décisif dans les résultats.