Pêche en Malaisie : La pêche exotique au milieu de nulle part
Loin d’ici, un « back to nature », le retour aux sources.
J’ai eu la chance de réaliser plusieurs séjours de pêche afin de récolter des données inhérentes aux différents biotopes ainsi que des informations quant aux populations pisciaires en Malaisie.
Au milieu de la forêt tropicale, face à cette immensité, on se recentre sur soi-même. Je garde en mémoire de façon très prégnante cet aborigène me disant « David don’t expect too much » (David n’espère pas trop) face à mon enthousiasme d’aller dans la forêt. Il avait raison et aujourd’hui encore, je me dis souvent que la vie reste essentielle et si précieuse, elle passe, tandis que l’on fait plein de projets matériels.
Un eco système en passe de diminuer drastiquement
Tout n’est pas si rose même si ces lieux sauvages semblent idylliques.
En effet, dans ces contrées, la culture du palmier à huile fait légion et les forêts sont rasées au profit d’immenses plantations. Sur ces sites, la nature perd ses droits, du désherbant est aspergé continuellement sous les palmiers afin que la jungle ne reprenne place. Du coup, il n’y a plus beaucoup d’espèces animales endémiques car les fourrés disparaissent et les températures augmentent considérablement. Faute de végétation dense qui retienne les eaux d’écoulement, les pluies se déversent dans les rivières et lacs qui deviennent alors marrons et insalubres.
Le secteur de Tasik Chini, où réside une tribu Orang-Asli, homme originel (contrairement à Orang-Outan, homme de la forêt) est un secteur de grands lacs directement impacté par les palmeraies car cette population est eco dépendante de ces étendues d’eau.
Même à 10 000km l’on oublie pas d’amener des cannes
En voyage, nous n’avions pas oublié d’amener des cannes à pêche afin de nous amuser lors de la visite des divers biotopes. Quelques cannes et des petits moulinets pouvant être transportés dans nos sacs à dos ont fait l’affaire. Nos lignes étaient grossières avec de gros hameçons et les conseils des autochtones nous ont aidés dans le choix des esches.
Bien-sûr, nous n’avons pas résisté à l’envie de nous rendre dans un ou deux magasins situés dan sa ville de Kuatan, dans l’état du Pahang. Je ne vous dit même pas ! La carte bleue nous démange tellement les prix sont attractifs pour des produits que l‘on trouve aussi en Europe !
La pêche est internationale et transgénérationnelle
N’en doutez pas, en Asie aussi il y a de grands pêcheurs ! Je me souviens d’Ibok, où nous avions demandé l’autorisation du chef du village pour essayer de pêcher le grand snakehead, Chana micropeltes. Devant la difficulté de pêche de cette espèce, nous nous sommes rabattus sur la recherche de Chana melasoma et d’autres petits poissons. Là, pas question de poissons éduqués ou de finesse de bas de ligne, rien n’est dans la dentelle, c’est la jungle. La moindre chose comestible comme du pain est goulument dévorée même si c’est une boule de mie pressée sur un hameçon de 6.
Lors de nos péripéties nous avons croisé un père et sa fille qui péchaient des Anabas testudineus, des poissons capables de se déplacer sur terre a l’aide de leurs nageoires pelviennes. Plus loin, dans l’état du Johore nous sommes allés pêcher un petit ruisseau et là, un morceau de quelques centimètres de vers de terre placé au milieu de la rivière, faisait sortir les poissons de leur cachette sans crainte. Ces jolis Betta stigmosa auraient-ils un odorat si développé ?
Loin des pêches au « gros » et autres chasses de carnassiers dits spécimens, ces pêches sont amusantes et vous pourrez trouver ces mêmes espèces cuisinées dans vos assiettes au restaurant le soir.
La pêche c’est bien !